REFUTATION EXCELLENTE (5)

Publié le par Ghazali

salam alaykoum

VI — L’EMPLOI DE LA “PAROLE” DANS LE
CORAN

1] Demeure en personnalité de Dieu, compénétration.
Matt.
11-17
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Reste un mot qui a fait difficulté pour quelqu’un. Il a pensé
en effet que partout où est employé le terme “la Parole”, il
signifie exactement ce que les chrétiens sont convenus
d’entendre, lorsqu’ils parlent de leurs Personnes divines. C’est
cette interprétation qu’ils donnent au mot “parole” dans les
passages où ce terme ne peut s’entendre su sens littéral, ce
sens entraînant une pluralité d’essence (en Allah, le Très-
Haut).
Illusion grossière et aveuglement qui lui ont fait croire que
cette acception conventionnelle à propos de laquelle les
chrétiens ont été amenés par la nécessité que nous avons
mentionnée, à dire ce qu’ils ont dit, devait être la même pour
les adeptes de n’importe quelle foi religieuse.
Il a cru ainsi trouver témoignage de la divinité de Hadrat Î’sa,
dans le passage suivant du Kur’ân-al karîm:
“O gens du Livre, n’exagérez pas dans votre foi et
ne dites de Dieu que la Vérité. Le Messie, fils de Marie,
n’est que l’Envoyé de Dieu et sa Parole qu’il a jetée en
Marie, et un Esprit de Lui. Croyez donc en Dieu et en
ses Envoyés [Prophètes] et ne dites pas: Ils sont trois!
Finissez-en donc. Cela vaut mieux pour vous. Dieu est
unique!”.
J’ai donc voulu arracher le voile qui recouvre cette difficulté
afin que celui qui considère ce passage soit à l’abri des
équivoques trompeuses. Je dis donc: “l’être engendré est
produit par deux causes. L’une d’elles réside dans les
testicules, et c’est l’une des deux catégories de la force
génératrice. Par elle, le sang aboutit à un état qui le rend apte à
recevoir la force vitale de Celui qui donne les Formes, l’autre
cause est la force contenu dans le sperme quand il passe dans
l’utérus et que se trouvent réalisées pour lui les autres
conditions, c’est-à-dire qu’il soit lui-même un liquide abondant,
sain et vigoureux, ni altéré ni alangui, que l’utérus d’autre part,
soit aussi sans infirmité et qu’il ne survienne à la femme après
le rapprochement, aucune secousse violente qui puisse
provoquer la chute du sperme hors de son sein. Le sperme se
trouve alors disposé pour recevoir de celui qui dispense les
Q.
4.17
- 63 -
Formes, la force informante. Sous son influence, les membres
viennent-ils à se constituer, nous avons alors production de la
forme “membrale”, et corruption de la forme “spermatique”. Le
sujet est alors apte à recevoir l’esprit, de celui qui le dispense.
Telle est la cause ordinaire qui intervient dans la constitution
de tout être engendré. Ceci admis, nous disons: toute chose a
une cause prochaine et une cause lointaine. Le plus souvent on
la rapporte à sa cause prochaine. On dit ainsi à la vue des
prairies verdoyantes: Regardez l’oeuvre de pluie. Alors que
c’est Allah, le Très-Haut, qui en est le Créateur véritable. Et si
l’on voit des plantes vigoureuses sur un terrain aride et dur
alors que le soleil est dans la constellation du Lion (au fort de
l’été), on dit: Regardez l’oeuvre d’Allahu ta’âlâ! On mentionne
ainsi la cause véritable, en l’absence de la cause courante.
Ces deux principes mis en évidence, nous disons: En ce qui
concerne Hadrat Î’sa, l’absence de cause prochaine nous est
révélée par des indices certains. Aussi sa formation a-t-elle été
rapportée à la cause éloignée qui est la Parole, car chacun est
créé par la Parole d’Allah par laquelle il dit à tout être créé:
“Sois” et il est aussitôt. C’est pourquoi on l’a dit de Î’sa
aleihissalâm afin d’indiquer l’absence de la cause prachaine
courante, et qu’il a été formé par la Parole “Sois”, sans
l’intervention de sperme auquel on puisse rapporter sa
formation, comme nous l’avons dit.
Le Kur’ân-al karîm a encore expliqué cela en ajoutant:
“Qu’IL a jeté dans Marie”, signifiant ainsi, que l’enfant se forme
par le sperme jetée dans le sein de la mère et cet être
engendré n’a été créé que par la Parole jetée dans le sein de
sa Mère. Et cette Parole, c’est l’ordre de se consituer. Elle n’est
donc “jetée” que d’une manière métaphorique.
Quelque chose de semblable est aussi rapporté
d’Adam aleihissalâm, car tous deux ont ceci de
commun qu’ils n’ont pas été formés par les causes
ordinaires. Allahu ta’âlâ dit et effet dans le Kur’ân-al
karîm: “Qu’est-ce qui t’a empêché de te prosterner et
d’adorer quand tu fus créé de mes mains?” Or Allah n’a
point de main. Mais le sens en est: “Je l’ai créé par ma
puissance”, pour indiquer qu’il n’a pas été formé de
Q. 38
75
Q 3 58
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sperme, mais bien par sa puissance, montrant ainsi
l’absence de la cause ordinaire. Et quand la cause
ordinaire vient à manquer, l’effet est rapporté à la
cause éloignée, qui se trouve assimilée à la cause
réelle qui est alors la Parole d’Allah, le Très-Haut.
Ce rapprochement se trouve ailleurs clairement
exprimé, quand IL est dit: “Il en est de Hadrat Î’sa, chez
Allah, comme d’Adam aleihissalâm qu’IL a tiré de la
poussière et auquel IL dit ensuite: “Sois! et il fut. De
même ses paroles: “Et un Esprit de Lui”, c’est-à-dire
c’est un esprit dont la formation provient (directement)
de Lui sans l’intervention des causes ordinaires
auxquelles on rapporte d’habitude l’effet produit.
L’expression “de Lui” qui exprime une relation, joue ici
le rôle de simple attribut à l’égard de “esprit” (c’est-àdire
n’a pas un sens possessif, mais un sens de
provenance)[1].
Si l’on objecte: votre argument vaut si c’est la Parole qui est
ici vraiment cause, et ici la Parole est vraiment cause, si la
proposition est conforme aux lois qui régissent en arabe la
protase et l’apodose dans une phrase de sens conditionnel. Or,
il ne peut s’agir ici de la proposition conditionnelle, car cela
entraînerait l’idendité de la cause et de son effet.
Al Farisi dit en effet à ce propos: “s’il était admis qu’on eût là
l’apodose d’une proposition conditionnelle, l’expression “Kun fa
yakun” serait assimilée à la manière de parler de celui qui dirait:
“Va-t-en, afin que tu t’en ailles!”, Or cela ne peut être, car le
sens serait alors, en ramenant à la forme régulière de la
proposition conditionnelle: “Si tu es, tu es” et “si tu pars, tu
pars”. Cause et effet seraient ainsi identiquement les mêmes.
Et c’est pourquoi les lecteurs du Kur’an al karîm se sont
accordés à mettre le verbe à l’indicatif (ar-rafo) (et non au
subjonctif)
[1] Explication grammaticale difficilement transposable. Ghazalî veut dire
que “un esprit de Lui”, veut dire simplement “un esprit créé par Lui
(Allahu ta’âlâ)” et non pas “l’esprit d’Allahu ta’âlâ”.
Q.
4.171
Q.3.58
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“Quant à Al Kisai, poursuit-il, n‘a suivi la kıraat[2] de
Ibn ‘Amer en ce qui concerne la partie du verset
précédent dont on a tiré argument (c.-à-d. kun fa
yakûna), que pour ce qui pouvait être mis au subjonctif
(intisab) non en qualité de subordonnée conditionnelle,
mais de coordonnée (‘atf) à un verbe précédent déjà
subjonctif. D’ailleurs Kisai ne se trouve d’accord (avec
Ibn ‘Amer) que pour deux versets. Le premier c’est la
déclaration du Kur’ân-al karîm: “Quand IL désire
quelque chose, sa manière de commander est qu’IL lui
dise: Sois! et qu’elle soit”. Le second cas c’est la
déclaration divine: “Quand nous désirons quelque
chose, notre manière de lui commander est que nous
disions: Soit! et qu’elle soit”. Or s’il n’est pas permis de
considérer comme conditionnelle ce qui vient d’être lu,
qu’on l’entende à l’indicatif ou au subjonctif (c.-à-d. fa
yakûna ou fa yakûnu), l’argument tiré de ce verset
tombe, et on ne peut plus voir dans la Parole une vraie
cause”.
Je réponds: Allahu taâlâ daigne m’assister! Que
cette dispute est bien étrange. Les maîtres de la
langue arabe emploient les subordonnées en
considérant tantôt leur signification et tantôt la seule
construction grammaticale des mots, abstraction faite
de la signification. Un exemple nous est donné dans la
parole divine: “Ne vont-ils pas de par la terre pour qu’ils
voient!”. L’emploi de la suburdonnée se trouve ici
dépendre de la forme interrogative de l’expression
sans tenir compte de son sens. Ce sens est en fait: “Ils
ont été de par le monde et ils ont vu” et il n’y a là que la
simple énonciation d’un fait qui n’a rien à voir avec
l’interrogation. Si l’on objecte: la particule fa’ est ici
particule de coordination (et non pas causale), parce
qu’elle est susceptible, en fait avec l’apocope du noun
(i.e. avec le verbe au subjonctif), d’introdire aussi bien
une coordonée qu’une subordonnée, de quel droit
prétend-on alors, dans cette hypothèse, la limiter ici à
[2] Récitation du Kur’ân-al karîm.
Q.
36.82
Q.
16.40
Q.
12.109
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la seule fonction d’introduire une subordonnée? Cette
objection trouve sa réfutation dans un exemple où,
sans doute possible, il s’agit d’une subordination
purement verbale; quand le Kur’ân-al karîm dit: “Ne
vont-ils pas par la terre afin qu’ils aient un coeur!”.
Cela établi, le cas qui nous intéresse se ramène à la règle
ci-dessus et la subordonnée y affecte une forme impérative,
sans en prendre le sens toutefois. Sibawayhi a dit à ce sujet:
“On a comparé le rapport de l’objet commandé à la forme
impérative du verbe dans le langage courant, au rapport de la
chose accomplie à la puissance qui la réalise”. Les gens du
commun croient en effet que si quelqu’un commande à un autre
de se lever et que son commandement procure ce résultat chez
lui, l’action de se lever est causée par la forme impérative du
verbe, et c’est cette forme qui est la cause de l’action, alors
qu’en réalité cela est causé par la volonté que la forme
impérative a manifestée. La preuve en est que si un maître
commande quelque chose à son serviteur et que le serviteur
sache qu’en réalité son maître ne désire pas qu’il fasse ce qu’il
lui a ordonné, vient-il à le faire, il sera considéré comme ayant
désobéi à son maître et digne d’être blâmé par lui. Ainsi il y a
deux causes de ce qui est commandé: l’une réelle, la volonté,
et c’est la cause éloignée; l’autre, dans l’usage courant, est la
forme impérative du verbe qui manifeste la volonté. On revient
ainsi à la même règle grammaticale qui réfère la proposition à
sa cause prochaine.
Il est donc établi par ce que nous avons dit, que les
gens du commun considèrent uniquement le mot qui
sert à exprimer l’ordre et lui rapportent le fond du
jugement et ils considèrent enfin ce qui lui succède,
comme un effet produit par lui, en dépit de l’existence
de causes réelles mais plus éloignées. C’est cela
même que nous avons montré dès le début. Cette
difficulté a sa source dans la constitution grammaticale
de la langue arabe. Il nous a été possible de la
résoudre en la ramenant aux règles qui régissent la
langue. De cette manière, la difficulté proposée tombe
sans conteste, ainsi que l’illusion de ceux qui croient
que la leçon adoptée par Ibn ‘Amer, pour les cas où la
Q.
12.46
- 67 -
particule fa’ est prise uniquement comme servant à
introduire une subordonnée, est difficile à ramener aux
principes de la langue arabe et à ses règles, comme
dans la déclaration du Kur’ân-al karîm: “Allah quand IL
décide quelque chose, s’exprime en lui disant: Soit! et
elle est”, et dans les autres passages semblables où
Ibn ‘Amer a été seul à maintenir la lecture du verbe au
subjonctif (mansuban). Mais les lecteurs (du Kur’ân-al
karîm) sont bien obligés d’en arriver là eux aussi pour
le texte de la déclaration divine: “Ne vont-ils par la
terre, afin qu’ils aient un coeur!” Il n’y a pas d’autre
raison pour eux de s’accorder sur le subjonctif et de
faire du fa’ une particule de subordination, si ce n’est
en la référant à la seule forme interrogative, prise
comme telle et sans égard à sa signification vraie,
comme nous l’avons déjà exposé.
Ainsi, grâce à cette interprétation et aux conséquences
logiques de notre argumentation, il ne subsiste plus aucune
difficulté au sujet de Ibn ‘Amer!
Que le lecteur considère donc l’excellence de cette analyse
grammaticale et de ces choses curieuses, et qu’il glorifie cette
religion de Muhammad [Paix et bénédiction soient sur lui] apuyée
sur le Prophète le plus disert dans sa parole et le plus
pénétrant dans son argumentation. Elle offre dans ce qu’elle
exprime toutes sortes de merveilles et dans ce qu’elle tait
toutes sortes de raretés. Et qu’il s’étonne de voir un groupe de
gens se cramponner à un passage de cette sorte qui serait
cependant si claire à comprendre et à interpréter!
Q.2.
117 et
40-68
Q.
22.46
- 68 -

Suite : VII — CONCLUSION, TRANSCRIPTION et LEXIQUE.

SALAM

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